
Je me suis longtemps demandé pourquoi, bien que j’y aie en son temps emmené mes enfants, je déteste Disneyland à ce point-là.
Est-ce à cause des multiples petites arnaques minables minutieusement organisées de façon à à racler le moindre centime dépassant de la poche des visiteurs ? De la musique d’ascenseur omniprésente qui dégouline des hauts-parleurs et donne l’impression de se balader dans la série « le Prisonnier », s’attendant à voir apparaître un blob à tout moment ? De la nourriture atroce et malsaine vendue à prix d’or ? Du culte rendu aux valeurs les plus mercantiles de l’impérialisme américain, matérialisées par la statue stalinienne du Fondateur (ci-dessus) ? Du fait que cette multinationale a eu suffisamment de pouvoir pour faire construire une gare SNCF en plein milieu de son parc, tordant le bras de la République Française avide d’emplois, et que dans cette gare, la même musique sirupeuse est diffusée dans les haut-parleurs sans que personne n’y trouve à redire ?
Ou alors plutôt parce que ce qui attire des millions de gens dans ce parc, c’est de faire partie d’une histoire, d’un mythe moderne dont les Hermès et les Zeus s’appellent Cendrillon ou Blanche Neige et sont le résultat d’un pillage sans vergogne du folklore européen et mondial (Aladin, Mulan…) revisité, mâchouillé et recraché à la mode hollywoodienne. Faire partie d’une histoire, retrouver ses repères et se renforcer en se reliant à des personnages familiers, c’est ce que nous faisons tous en permanence. Mais c’est notre histoire dont il s’agit, celle que nous avons choisie, que nous avons façonnée et qui nous a façonnés en retour. Nos histoires préférées ne nous ont pas été fourguées au bazooka par une machine narrative réglée sur la position « dollars ». Elles nous ont été transmises par nos anciens, nos territoires et nos peuples, afin de nous transmettre des sagesses de vie infiniment complexes, pour lesquelles ils ont souffert, espéré et créé. Disney représente le storytelling dans toute sa puissance, face aux récits minoritaires, fragiles et locaux dont nous cherchons à patiemment retisser les fils narratifs en allant respectueusement à la rencontre de leurs détenteurs. Disneyland, c’est un hold-up qui voudrait se faire passer pour une banque.
C’est effectivement un beau Prisonnier dont nous sommes beaucoup à être captif.
Je comprends ta véhémence contre eux, leurs arnaques et leurs contournements des règles, mais j’aime bien y aller parfois justement pour me couper du monde et vivre dans leur bulle le temps d’un jour ou deux. C’est un moment hors du temps et de tout .
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C’est très honnête de ta part de reconnaître cette ambivalence, et je l’ai ressentie aussi bien sûr, d’autant que je suis un énorme fan des dessins animés que j’ai tous vus au moins 500 fois !!!
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On se comprend très bien alors. Nous sommes des victimes captives conscientes 😉
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