
Le meurtre d’un cycliste, Paul Varry, par un conducteur de SUV est l’illustration parfaite de la « psychose opérationnelle ». Cette capacité humaine à créer des hallucinations collectives et à les transformer en outils pour atteindre des objectifs devient ici une force dévastatrice.
À travers ce prisme, l’incident, qui aurait pu rester un simple accrochage anodin, prend soudain une dimension hallucinatoire alimentée par une cascade de récits sociaux dominants : l’honneur, la virilité, le contrôle, et la puissance.
Dans cet état de « psychose opérationnelle », le conducteur ne réagit plus à la réalité tangible – un cycliste qui partage la route – mais à une version simplifiée et déformée de cette réalité. Le cycliste n’est plus un simple être humain ; il devient une menace, un obstacle symbolique. Le SUV, en tant qu’objet de puissance, se retrouve encapsulé dans une logique de contrôle absolu et de domination. Ce n’est pas seulement une voiture : c’est un symbole de statut, de virilité, d’identité.
Ce conflit, normalement sans conséquence, se transforme en quelque chose de beaucoup plus profond : une question de territoire, d’héritage de récits culturels autour de la puissance et du contrôle. Le cycliste devient l’incarnation d’un défi à cette puissance symbolique, et justifie ce violent passage à l’acte . L’honneur blessé, la peur de la castration symbolique, le besoin de restaurer une notion d’honneur viriliste et médiévale… Tout cela alimente cette connerie pathétique.
Ce qui est fascinant, et tragique à la fois, c’est que cette même capacité humaine à créer des hallucinations est ce qui nous a permis de construire des cathédrales, de lancer des projets monumentaux, de bâtir des civilisations. Mais ici, cette capacité dérape, détournée par des récits toxiques sur la masculinité et la puissance, pour aboutir à une mort absurde. Nous sommes les créateurs et les creations de ces hallucinations qui nous servent d’outils, mais elles peuvent aussi nous égarer lorsque nous perdons le lien avec la réalité complexe et humaine qui nous entoure.
C’est peut-être parce que nous ne bâtissons plus de cathédrales et tournons en orbite autour de notre pauvre petit moi esseulé que de telles explosions se produisent. Nous vivons peut-être ensemble, mais nous ne faisons plus grand chose ensemble. Nous n’avons rien à aimer qui soit un peu plus grand que nous et nous permette de transcender notre narcissisme souffreteux.
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Ou alors, les seules hallucinations collectives qui fédèrent encore un tant soit peu sont des cauchemars du genre amérique de Trump ou Israël de Netanyahou… Des projections de narcissisme souffreteux, le terme est terrible mais tellement juste !
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Oui, tout cela marche bien ensemble.
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