L’accouchement douloureux du budget 2025 s’annonce avec une idée lumineuse : taxer les retraites ou en geler l’évolution pour 6 mois. Tout cela sous un prétexte habilement emballé : le pouvoir d’achat des retraités serait supérieur à celui des actifs.

Ah, l’art du sophisme ! Monter une catégorie de population contre une autre pour détourner l’attention, comme si la guerre des générations allait faire oublier l’essentiel : les retraites ne sont rien d’autre que le fruit de cotisations versées religieusement pendant 40 ans. Une sorte de contrat implicite, signé avec l’État, fondé sur la confiance. Mais voilà, les petits marquis de Bercy, plus terrifiés qu’un analyste financier devant les agences de notation, semblent avoir oublié ce détail.

En réalité, l’idée que les retraités nagent dans l’opulence est au mieux exagérée, au pire, une falsification pure et simple. Selon l’INSEE, en 2023, le revenu médian des retraités s’établit à environ 1 850 euros mensuels, contre 2 300 euros pour les actifs. Les retraités, en moyenne, ne payent plus de cotisations sociales, certes, mais ils subissent de plein fouet l’inflation des coûts de l’énergie, des services de santé, et autres dépenses incompressibles. En réalité, les retraités consacrent près de 30 % de leurs revenus à des dépenses de santé, contre seulement 7 % pour les actifs. Autant dire que leur prétendu « avantage » se dissout rapidement dans les réalités du quotidien.

En gelant ou en taxant les retraites, c’est ni plus ni moins qu’un hold-up légalisé qui se profile. Et tant pis si ce sont des millions de Français qui, après avoir trimé des décennies, se retrouvent les cibles d’une arnaque d’État. Mais qui s’en soucie ? Tant qu’on peut monter les générations les unes contre les autres, pourquoi se priver ? Après tout, ces retraités, ces « riches » de la République, n’ont-ils pas assez profité des Trente Glorieuses ? On est presque tenté de leur reprocher d’avoir cru à la parole de l’État…