
Il fut un temps où voyager signifiait… eh bien, regarder. Vous savez, poser ses yeux sur un paysage, se laisser happer par l’immensité de ce qu’on voyait et s’émerveiller en silence.
Puis est venue la première révolution du regard : l’appareil photo. Fini le temps perdu à regarder sur place, on capturait la scène pour la voir plus tard, une fois rentrés. Le voyage devenait une promesse posthume à soi-même.
Ensuite, est arrivée l’ère du selfie. Un nouveau niveau d’évolution où, pour capturer l’instant, il fallait faire dos au paysage et se mettre en scène, car après tout, qu’est-ce qu’un paysage sans nous au centre ? Ce n’était plus nous qui regardions, mais bien nous regardés en train de ne pas regarder. La beauté du monde n’était plus qu’un fond d’écran dans une œuvre grandiose où l’acteur principal… c’était nous !
Mais nous n’étions pas encore au bout de notre ascension. Bienvenue dans l’ère du mini-drone. Ce petit engin, vrombissant comme un moustique géant et tout aussi discret, permet désormais de s’immortaliser en mode cinéma, avec pour simple toile de fond un panorama de montagne, un désert ou, disons, la basilique Saint-Pierre. Car le voyage, aujourd’hui, ne se vit plus dans l’instant, mais bien à travers les yeux des autres. Un like par ici, un commentaire admiratif par là. C’est le regard des autres qui valide, tel un Oscar minuscule, la valeur de notre aventure.
Désormais, nous voyageons non pas pour voir, mais pour être vus en train de voyager. Car le souvenir, n’est-ce pas, c’est devenu quelque chose qui bourdonne au-dessus de nos têtes.
Je me suis aussi fait tristement cette réflexion que beaucoup de gens ne vivait plus l’expérience. Je suis allée à un spectacle son et lumière et 90% des gens étaient vissés sur leur téléphone plutôt que de juste ressentir v.v
Je serai curieuse de voir les impacts sur la mémoire et la construction d’imaginaires, de fictions dans le futur.
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Oui, ça a déjà été étudié, malheureusement, le QI moyen de la population mondiale baisse régulièrement, une personne de la Renaissance était beaucoup plus puissante intellectuellement que la plupart de nos contemporains… Le téléphone est vraiment l’ennemi de l’intelligence et de l’esprit critique. Tu vois vraisemblablement ça en tant qu’enseignante tous les jours… et les parents sont totalement démunis. Il y a déjà une énorme différence entre mes grands, nés à la fin des années 80, et mon dernier, né en 2002, sur la dictature du portable dans les cours de récré…
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