Quand j’avais 14 ans, mon cousin Jean-Michel, de huit ans mon aîné, a changé ma vie avec un geste simple mais d’une portée immense. Un jour, il m’a tendu deux livres, deux romans. Leurs titres, gravés depuis dans ma mémoire : Les Plus qu’humains et Cristal qui songe de Théodore Sturgeon.

Ces deux œuvres, si différentes dans leurs récits, partagent pourtant une même essence : une profonde humanité. Les Plus qu’humains nous plonge dans l’histoire d’un groupe d’individus aux capacités extraordinaires qui, unis, deviennent une entité collective dotée d’une intelligence surhumaine. Une réflexion fascinante sur la différence, la solidarité, et la force de ceux que la société marginalise. Quant à Cristal qui songe, il explore la quête d’identité et de dignité d’un homme accusé à tort, sur fond de mystère scientifique et d’éthique. Ces récits, fantastiques dans leur imagination, m’ont ébloui par leur humanisme et leur respect des êtres qui, d’une manière ou d’une autre, sortent de la norme.

Ces deux livres ont allumé en moi une flamme, celle de la science-fiction et des littératures de l’imaginaire, une passion qui ne s’est jamais éteinte. Mais plus encore, ils m’ont appris à regarder le monde autrement, à voir dans les différences des trésors d’humanité.

Jean-Michel, en me mettant ces romans entre les mains, a ouvert une fenêtre dans ma vie. Il a montré un paysage immense, riche et lumineux, auquel je ne savais même pas pouvoir accéder. Il a été un éveilleur, un passeur, l’un de ces êtres rares qui, par leur générosité et leur regard, révèlent à d’autres une part de leur propre potentiel.

Jean-Michel nous a quittés cette semaine, et j’espère qu’il a trouvé sa place dans le petit cirque de Cristal qui Songe où il n’y a plus qu’une main à tendre, un sourire à offrir. Pas un plus qu’humain mais mieux que ça, un simple humain de haute volée, que j’aimais.