
Invités à un salon littéraire, nous découvrons, entre les étals des libraires, toute une collection d’ouvrages jeunesse autour de l’écologie. Enfin, « autour de l’écologie »… du moins en apparence. Car ces livres, bien intentionnés, offrent aux enfants des gestes pour « sauver la planète », mais l’enjeu est-il vraiment là ? Que veulent-ils transmettre, au juste ?
Les conseils donnés relèvent souvent du symbolique. Il est proposé aux enfants de demander à leur mère d’enlever la guirlande de Noël, ou de convaincre le pharmacien d’éteindre son enseigne lumineuse. En d’autres termes, nous en arrivons à déléguer à nos enfants la responsabilité de corriger des problèmes dont nous, adultes, sommes les créateurs et les principaux acteurs.
Et au-delà de ces gestes, c’est le langage employé qui mérite réflexion. Cette expression devenue courante, « sauver la planète », semble détournée de son sens véritable. En effet, la planète elle-même n’a nul besoin d’être sauvée. Elle continuera à tourner, elle s’adaptera aux transformations, aussi brutales soient-elles. La question n’est pas la survie de la Terre, mais celle de l’espèce humaine et de sa capacité à continuer de vivre sur cette surface qui nous est familière.
Alors, au lieu de prêcher « sauver la planète » à nos enfants, ne serait-il pas plus honnête de parler de ce qui est en jeu : notre survie à nous, notre capacité à habiter un environnement que nous dégradons. En d’autres termes, au lieu de cette formule abstraite et lisse, assumons l’enjeu réel : il s’agit, en vérité, de « sauver nos propres gueules ».