Scholastique, c’est aussi un prénom. C’est celui de Scholastique Mukasonga, écrivaine rwandaise dont le recueil de nouvelles « ce que murmurent les collines » m’a sauté dans les mains à la librairie-tabac-presse de Miquette. Depuis plusieurs jours déjà, j’avais le Rwanda dans la tête. Les cérémonies de commémoration des 20 ans du génocide, avec aucun-e officiel-le français-e invité-e. Les accusations de Kagame contre la France accusée de complicité active. Me voilà dans la position des Allemand-e-s et ça me rend plutôt triste.

Je pensais à une chose que disait Cheryl White avec un peu de colère : « ces thérapeutes qui viennent au Rwanda, ils-elles vivent une expérience extraordinaire, ça marque un tournant dans leurs carrières, ils progressent dans leur pratique et puis ils-elles s’en vont et ne reviennent jamais ».

Et puis je décide de conserver l’incroyable intelligence des gens-tes pour vivre dans l’ombre d’un mausolée, le talent de David Denborough improvisant un discours au dîner d’Ibuka, la sourire de cette dame qui voulait que j’écrive une chanson sur ses parents à partir de leurs photos  (« tu feras bien »), les sessions de répétition avec Pierre Claver et Aya, les jeunes danseur-se-s de la compagnie qu’il a créée autour de l’idée des grands frères, les regards des enfants à la Maison d’Antoine. Je conserve la rencontre avec la dignité à l’état brut.