Iasi

Iasi (prononcer « Iash »), c’est un Cuba de proximité, à quelques heures seulement de la modernité décrépite de nos aéroports, monuments pompidoliens dédiés à l’absurde arrogance des Trente Glorieuses. C’est une ville douce de la province roumaine, épargnée par le bling autosatisfait de l’idée hallucinatoire et mensongère que la France est encore une Grande Puissance. Moins de mendiants qu’à Paris. Le WiFi gratuit partout et qui fonctionne. Peu de MacDos. Un petit bal où de jeunes couples élégants dansent le tango. Du pasodoble au lieu de la techno. Une politesse un peu surannée. Des publicités discrètes. Peu de voitures. Pas d’embouteillages aux klaxons tonitruants. Un aéroport où l’on n’est pas traité comme du bétail. Des rues propres, des parcs impeccables, des trottoirs sans merdes de chiens, ni mégots, ni papiers. Des balais et des petits boulots. Une compagnie aérienne où l’on vous sert un vrai petit déj au lieu des trois cacahuètes sous blister d’Air France. De la « gentillesse » partout, ce mot qui dans notre langue est devenu une insulte. La Roumanie, un pays qui a gardé des traces de civilisation, une culture où le pognon triomphant n’a pas encore tout phagocyté. La Mitteleuropa et son élégance discrète pour reposer nos rétines décollées par les stroboscopes de notre hubris servilement entretenue par les politiciens cyniques qui tètent ce système à bout de souffle tant qu’il reste une goutte à se mettre dans la poche avant l’inéluctable embrasement.