« Le Robot Sauvage » de Claude Cénac (Bibliothèque Rose), a été ma toute première lecture de SF.

À l’époque (1966 ?), j’étais en CE2 et ce livre, repéré et convoité  dans le tabac-librairie de la rue Mandron, n’avait rien d’un simple conte pour enfants. L’histoire de ce robot, à la fois sympa et hors de contrôle, me captivait par son étrangeté. Je me souviens de la dualité qui habitait le héros mécanique, à la fois puissant et vulnérable, rassurant et terrifiant, comme s’il portait en lui toute la problématique de la perte de contrôle (des décennies de thérapie par la suite m’ont permis de raccrocher quelques wagons !)

Ce qui me fascinait, c’était ce mélange de technologie et de danger, une mécanique mystérieuse que je ne comprenais pas encore mais qui m’attirait irrésistiblement, bien avant de découvrir Asimov. Cependant, ce qui me terrifiait venait de cette peur viscérale que l’on ressent face à ce qui échappe à la logique humaine : le robot, avec ses actions imprévisibles et son apparente froideur, me semblait indomptable, à l’image du destin (ou peut-être de ma mère ?) Je frissonnais à l’idée que la machine puisse se rebeller, devenir autre chose qu’un outil.

« Le Robot Sauvage » a ouvert en moi les portes d’une réflexion sur la technologie et la perte de contrôle, bien avant que je ne puisse formuler ces idées avec des mots. Ce premier contact avec la science-fiction a laissé une empreinte indélébile dans mon esprit, je n’ai jamais arrêté d’en lire depuis.

Et aujourd’hui, l’IA me fait revisiter les mêmes sentiments.