Je suis toujours étonné de constater à quel point la guerre au Proche-Orient nous divise ici, alors qu’on nous pousse à choisir un camp, comme si c’était une évidence.

Des voix que l’on qualifie de bien informées, amplifiées et déformées par les égouts des réseaux sociaux, nous expliquent que certaines morts sont légitimes et d’autres non. Elles nous invitent à rejoindre cette gymnastique morale, où nous devons décréter quelles vies valent plus que d’autres. Personnellement, chaque fois que je déclare être simplement pour qu’on cesse d’assassiner des bébés et des enfants, quelle que soit leur origine, je passe pour un idiot. Est-ce vraiment si naïf de refuser cette logique binaire et sanglante ?

Un documentaire récent sur Public Sénat met en lumière une initiative qui me redonne un peu d’espoir : un groupe de femmes des deux communautés œuvre pour une paix fondée sur le dialogue, une « troisième voie » trop souvent ignorée. Hélas, comme à toutes les époques, les pacifistes sont méprisés, traités de lâches, quand ce sont en fait les chevaliers de la testostérone qui, dans leur arrogance aveugle, nous mènent à la bataille, dans des vendettas sponsorisées par les religions de tout poil et leurs mâles guides suprêmes. Ce lien entre les ravages de cette virilité toxique, de Tel Aviv à Téhéran, de Téhéran à Kaboul, de Me Too à Mazan, en passant par le Bois de Boulogne, n’incite guère à être fier d’être un homme aujourd’hui. Mais alors pas du tout.