Nous sommes en 2028. La France, frappée par une crise démocratique sans précédent, assiste à une nouvelle dérive politique : le parti majoritaire décide de désigner son candidat à l’élection présidentielle par le biais d’une émission de téléréalité.

Pendant trois jours et trois nuits, les candidats sont enfermés dans un loft, filmés en continu, sous le regard voyeur d’un public avide de drames et de rebondissements. Parmi eux, Nathan Calendreau, ex-ministre des Finances tombé en disgrâce, voit dans cette mascarade une opportunité inespérée pour signer un retour triomphal sur la scène politique.

En parallèle, une autre tension traverse le pays : une vague d’assassinats brutaux secoue l’opinion publique. En représailles à chaque féminicide recensé, un groupuscule féministe radical exécute un homme au hasard. Le chaos s’installe, et la société, déjà ébranlée par ses failles démocratiques, vacille sous cette guerre de représailles.

Ces deux intrigues – l’une ancrée dans une politique-fiction satirique, l’autre dans un thriller social (ce qui explique probablement que le livre soit publié dans la Série Noire) – s’entrelacent tout au long du roman. Mais si l’idée de départ intrigue, l’exécution laisse perplexe. Le lien entre ces deux arcs narratifs existe, mais il s’avère bancal, parfois même artificiel, tant il semble forcé pour justifier leur coexistence.

C’est là que réside le principal problème de Coliseum. Avec seulement 220 pages, le roman peine à développer l’un ou l’autre des deux sujets avec suffisamment de profondeur. La téléréalité politique aurait mérité une satire acérée, mais elle reste superficielle, n’offrant que des bribes d’analyse sur la fascination morbide du public pour le spectacle de la politique. De l’autre côté, le thriller féministe aurait pu être un plaidoyer puissant sur les violences de genre et la radicalisation en réponse à l’inaction, mais il effleure ces enjeux sans les explorer véritablement.

Résultat : un roman frustrant, qui donne l’impression de survoler deux excellentes idées sans jamais en exploiter le potentiel. Pourtant, il y a du talent dans ces pages. Les personnages sont bien campés, crédibles dans leurs ambiguïtés, et l’écriture, fluide et agréable, témoigne d’une maîtrise certaine. Mais la narration, oscillant sans cesse entre deux registres, reste en surface, empêchant le lecteur de plonger dans l’un ou l’autre univers.

En fin de compte, Coliseum est une œuvre ambitieuse mais inaboutie, qui aurait sans doute gagné à se concentrer sur une seule intrigue ou à s’offrir un cadre plus ample pour développer les deux. Malgré ses défauts, elle reste une lecture intrigante pour ceux qui apprécient les fictions politiques et les thrillers à thématique sociale, mais elle laisse derrière elle un goût d’inachevé.