Il était une fois une situation que nous avons tous connue : remplir ces cases absurdes sur un site internet pour prouver que nous ne sommes pas un robot. Trouver tous les feux rouges. Identifier un fichu passage piéton. Deviner des lettres déformées. Perdre patience. Échouer. Recommencer.
Ces tests s’appellent des CAPTCHA, un acronyme pour Completely Automated Public Turing test to tell Computers and Humans Apart. L’idée est simple : prouver que nous sommes bien humains en accomplissant une tâche supposément trop complexe pour une machine.
Mais qui n’a jamais eu ce moment de doute ? Qui n’a jamais, l’espace d’un instant, envisagé la possibilité absurde que l’ordinateur puisse refuser de reconnaître son humanité ?
C’est précisément l’angoisse existentielle que Victoria Warmerdam explore dans son court-métrage « I’m Not a Robot », disponible sur Canal+.
Lara, productrice indépendante dans une maison de disque, tente à plusieurs reprises de compléter un CAPTCHA. Échec après échec, l’algorithme refuse de l’identifier comme humaine. La situation, d’abord agaçante, devient troublante. Et si l’ordinateur disait vrai ? Et si elle n’était effectivement pas un être humain ?
Un appel à son compagnon, censé la rassurer, ne fait que renforcer le doute. Et nous, spectateurs, glissons avec elle dans ce vertige : qu’est-ce qui définit notre humanité ?
Difficile de ne pas penser à Blade Runner, et à la scène où Rachel découvre qu’elle est un androïde après avoir passé un test de Voight-Kampff. Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? demandait Philip K. Dick dans son roman visionnaire. Aujourd’hui, la question pourrait être : les humains peuvent-ils échouer aux tests conçus pour les reconnaître ?
L’absurde rejoint le vertigineux. Parce qu’à mesure que l’intelligence artificielle progresse, la frontière entre humain et machine devient plus floue. La plupart des IA passent aujourd’hui haut la main le test de Turing, ce fameux test imaginé par Alan Turing en 1950 pour mesurer la capacité d’une machine à imiter un humain dans une conversation.
Alors que nous développons des robots conversationnels, des compagnons artificiels et des intelligences de plus en plus sophistiquées, ce film soulève une interrogation essentielle : qu’est-ce qui nous détermine encore en tant qu’humains à part nos déterminismes biologiques ? Et ceux-ci sont-ils vraiment discriminants ?
Si demain, une machine peut aimer, converser, rire et pleurer… si elle peut exprimer du désir, du doute, du génie… alors, qui de nous deux est le plus humain ? Celui qui doute de l’être ou celui qui sait qu’il ne l’est pas, mais agit comme si ?
On pourrait aller plus loin: le monde des robots entend nous transformer en robots. Cf. « L’homme simplifié » de Jean-Michel Besnier (c’est un philosophe, pas un auteur de science-fiction!). Exemple ? Appeler une plate-forme téléphonique et appuyer sur telle ou telle touche. Un autre: les protocoles hospitaliers d’où le regard sur le patient est banni… Et les « logiciels d’aide à la décision » que personne n’ose contredire car, si on s’est trompé, la peine est double: « Pourquoi vous n’avez pas suivi l’avis du logiciel ? »
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C’est toi Thierry qui écris ces lignes ou bien c’est un réplicant confectionné exactement à ton image et qui se fait passer pour toi ? 🤔
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Où est la différence mon ami ?
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😂 il faudrait que tu passes un test ..
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Vaste question ! On a combien de temps ?😁
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Je pense que le doute est et restera la marque des humains. Les machines ne doutent jamais et si elles ne savent pas, elles inventent… avec beaucoup d’aplomb ! C’est assez effrayant tout cela…
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Il y a plein de gens qui font ça aussi Lilou ! Regarde Trump ! 😱
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Oh oui tu as raison !!! malheureusement….
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Oh merci pour cette découverte. J’adore le concept. Je vais aller voir sur la plateforme si je peux le regarder.
Et je prends la référence de Thierry avec L’homme simplifié 😉
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