
Je n’ai jamais eu d’appétence particulière pour la religion — surtout pas celle-là. Baptisé par erreur (une de ces manigances familiales dont je me suis amoureusement et juridiquement défait par une apostasie en bonne et due forme), je n’étais pas exactement le public cible pour un film de 2h30 sur des cardinaux enfermés au Vatican.
Et pourtant. Conclave, réalisé par Edward Berger (À l’Ouest, Rien De Nouveau), m’a scotché à mon fauteuil de mécréant.
Adapté du roman éponyme de Robert Harris, le film suit l’élection d’un nouveau pape à la mort du précédent. Tout semble ficelé d’avance : les factions, les promesses chuchotées dans des couloirs qui sentent l’encens et la trahison. Mais un secret, soigneusement gardé par le défunt pontife, menace d’ébranler le marbre millénaire sur lequel repose l’Église. Et au centre du jeu : un cardinal discret, presque effacé, interprété avec intelligence et une intensité contenue par Ralph Fiennes.
Autour de lui, un casting impeccable : John Lithgow en cardinal américain tout en duplicité souriante, Stanley Tucci en maître d’influence raffiné et vénéneux, et l’excellent Sergio Castellitto en patriarche ambigu… Sans oublier Isabella Rossellini , hyper crédible en nonne implacable. Le genre de distribution qui donne à chaque silence une densité théologique.
C’est un huis clos, oui. Mais un huis clos somptueux. Chaque plan est composé comme un tableau du Quattrocento — et c’est normal : à la photographie, c’est l’immense Stéphane Fontaine – le virtuose derrière Un prophète, Elle, ou encore Captain Fantastic – qui cisèle ici la lumière comme une bénédiction impure.
Berger filme l’intérieur du Vatican avec une précision presque chirurgicale — les dorures, les étoffes, les palais au silence feutré, cette opulence qui frise l’obscénité, bien à l’abri du monde réel qui, parfois, s’invite par effraction.
Et puis il y a ce twist final. Non, je n’en dirai rien. Juste qu’il est… admirable. Et qu’il fait vaciller les certitudes, comme un vitrail qui explose sous un rayon laser. Alors non, on ne s’em*erde pas une seconde au Vatican. Et ça, il fallait le faire.
Merci PBSH de tes posts qui sont pour moi des bonbons, indépendamment du sujet, et toujours inspirant ! PS : j’ai eu un jour déjà ancien en tant que tépoin extérieur « témoin extérieur » (comprenne qui pourra) une révélation (trop) tardive … ma vocation était aumonier militaire (version Marine Nationale) … un cocktail improbable de religion, de coaching-écoute, d’influence, de solitude, etc … Je ferai cela dans ma prochaine vie; bah oui je serais un poly-aumonier avec au moins 20% bouddhisme dedans 🙂
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Mais pourquoi militaire ? Aumônier ça fait déjà beaucoup non? 😉
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Hi hi d’abord parce que je suis un peu fétichiste de l’uniforme (ps: j’ai été EOR Marine pendant mon service militaire). L’uniforme met chacun à égalité d’une certaine manière; avec une règle spécifique à la Marine qui est que la fonction prime le grade (sur sa barcasse dont il est le responsable, un gradé de faible rang peut faire taire n’importe quel haut gradé, y compris un Amiral; et ce dernier est OK avec cela) Et puis pour revenir sur le sujet initial, je crois que les intentions et la hiérarchie militaire (en Franceau moins) sont plus saines que celles de l’église … donc cette confrontation un peu paradoxale est fertile; d’autant qu’elle permet la fréquentation du très petit cercle des autres aumoniers musulmans, juifs, etc … Bon je vais (re)parler de tout ça à ma psy 🙂
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Une vision du vatican qui fait de nous des anticlérical encore plus convaincu.es, non ?
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Grave !
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Ce film est d’actualité ! Merci pour ta chronique… je vais essayer de trouver le temps de lire le livre… 😉
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