
J’ai fait l’erreur d’interrompre ma lecture du passionnant Chien du Heaume de Justine Niogret pour insérer, vite fait mal fait, un livre soi-disant sérieux : Le Président toxique d’Étienne Campion, sous-titré Enquête sur le véritable Emmanuel Macron.
Paradoxalement, cela m’a rappelé pourquoi je lis de la fantasy et de la science-fiction, plutôt que ce genre de bouquins : compilations de petits morceaux d’actualité dérisoire, confirmant ce que l’on savait déjà — à savoir que ceux qui nous gouvernent sont pour la plupart des psychopathes et des pervers narcissiques ; que toute velléité de décence ou d’éthique est écrabouillée par le rouleau compresseur des égos déchaînés ; que le pouvoir rend fou, et que pour désirer ce genre de pouvoir, il faut déjà être sérieusement malade.
On y redécouvre que la politique est une comédie pour amuser le citoyen pendant que les marchés financiers mènent la danse, que les acteurs de cette farce sont ivres de leur propre reflet et prêts à tout pour maintenir l’illusion de leurs privilèges.
Bref, on savait tout ça.
Confirmer que notre président est un grand pervers narcissique n’apporte rien de neuf — sinon une excellente raison supplémentaire d’éteindre la télé et de ne plus lire les infos.
Par contre, Justine Niogret, elle, écrit comme un ange noir.
Chien du Heaume, son premier roman, nous plonge dans une fantasy médiévale âpre et violente. L’héroïne, Chien, mercenaire solitaire et meurtrie, sillonne des paysages de boue, de glace et de sang à la recherche de son véritable nom — et donc, de son identité profonde. Un pitch minimaliste pour une œuvre magistrale : un roman rude, resserré comme un poing, traversé d’une langue brute, charnelle et somptueuse, qui évoque par moments le souffle noir d’un Lautréamont perdu dans les forêts du Nord.
Ce n’est pas seulement une quête : c’est une plongée dans l’abîme des origines, une puissante réécriture féministe du mythe chevaleresque, servie par des personnages cabossés et bouleversants, tous d’une densité inouïe.
On referme ce livre sonné, abasourdi par tant de maîtrise, et avec une seule envie : plonger immédiatement dans les autres œuvres de Justine Niogret, cette météorite littéraire rencontrée grâce au blog de Tachan (dont je suis, soit dit en passant, un énorme fan).
Justine Niogret, née en 1978, a d’abord été forgeronne avant de se consacrer entièrement à l’écriture — et cette première vie se ressent dans son œuvre : sa fantasy n’est pas une évasion éthérée, mais un monde rugueux, tangible, frappé à l’enclume du réel.
Après Chien du Heaume, elle a notamment publié Mordre le bouclier (la suite directe), Cœurs de rouille, Gueule de truie et Mordred, continuant d’explorer des univers sombres et déchirants, où la beauté se cache dans les failles.
Une voix rare, sauvage, précieuse.
À découvrir absolument.
Que tu me fais plaisir et quel compliment ! 😊
Tu parles merveilleusement de cette plume unique que j’ai espoir de retrouver prochainement, comptant bien mettre la main demain sur la superbe édition qui lui est consacrée chez mnémos.
On aime ce genre de plume, l’expérience, d’univers ! 💔
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J’aime beaucoup le démarrage de cette chronique et, surtout, le cri d’admiration pour ce grand roman qu’est Chien du heaume.
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Merci beaucoup pour ce retour qui me touche. Cri d’admiration, le mot est tout à fait juste !
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Tu as raison avec ce premier roman, elle tape fort notre autrice, tu n’es pas étonnée si je te dis que j’ai adoré celui-ci et que je le conseille au jeune adulte qui cherche un bouquin de fantasy à la bibliothèque. Elle a aussi commis sous un autre nom, Misha Halden, un polar dingue, noir à souhait : La viande des chiens, le sang des loups .
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Alors même si je ne suis pas vraiment un « jeune adulte » (loin de là : je suis vieux et pas très adulte), j’ai adoré et je ne suis pas du tout étonné que toi aussi, il y a de la belle flingueuse dans cette Chien. Merci pour le tuyau sur Misha Halden ! 😉
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Je suis Pierre-Nuage et j’approuve ton message 🙂 Merci renouvelés pour tes posts qui sont autant d’invitations pétillantes à s’ouvrir aux vies réelles et imaginaires, en repoussant les attractions maléfiques et mortifères du moment ! (bon oui c’est quand même le jour ou Trump vient aux obsèques du pape … ce qui est quand même un moment d’absurdie non poétique mais d’ampleur, non !?)
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Oui ce serait dans un roman on aurait du mal à le croire !
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Oh tu me donnes furieusement envie de la lire et je me contrefous de Macron and co… on sait malheureusement déjà qui ils sont… je m’aperçois en faisant une recherche sur Babélio qu’il était dans mes pense-bêtes pffffff je le remets dans ma whislist ! Merci à toi pour cette superbe chronique !!!
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Oui tu as dû la noter chez Tachan qui en a donné une belle chronique. C’est un magnifique roman prodigieusement écrit 🤩 et merci pour tes gentils mots.
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